
Le dernier village chrétien de Palestine, Taybeh, subit des attaques des colons israéliens
Le dernier village chrétien de Palestine, Taybeh, connu dans la Bible sous le nom d’Ephraïm, ciblé par des attaques de colons israéliens
Palestine : le massacre et la famine font rage à Gaza mais les attaques israéliennes persistent, s’intensifient en Cisjordanie. La communauté chrétienne de Taybeh lance un appel à une intervention internationale urgente pour protéger les chrétiens. Le dernier village chrétien de Palestine, Taybeh, connu dans la Bible sous le nom d’Ephraïm, ciblé par des attaques de colons israéliens
Les prêtres chrétiens de Taybeh, en Cisjordanie, ont publié aujourd’hui une déclaration appelant à une intervention internationale urgente pour protéger les chrétiens des attaques répétées des colons israéliens sur ses terres, ses églises, son cimetière et ses lieux saints.
Taybeh est village chrétien de Cisjordanie. Il est enraciné depuis deux millénaires en Terre sainte. L’Évangile de Jean y fait référence, sous son ancien nom : Ephraïm. C’est là que Jésus se réfugia avant d’entrer dans sa Passion (Jean 11:54). Situé en Cisjordanie, à l’est de Ramallah, Taybeh est désormais le dernier village chrétien de Palestine. Ses quelque 1 300 habitants vivent principalement de l’agriculture, notamment de la culture de l’olivier, ainsi que de petites industries familiales. Ce village est régulièrement la cible de provocations et violences de la part de colons israéliens.
Une église du Ve siècle a échappé de peu à un incendie criminel. Un grave incident, survenu début de cette semaine, a conduit les prêtres des Églises locales à tirer la sonnette d’alarme et à lancer un appel à l’aide internationale.
Vatican News raconte :
« Curé de la paroisse latine du Christ-Rédempteur à Taybeh depuis quatre ans, le père Bashar Fawadleh assure n’avoir jamais rien vécu de pareil. Lundi 7 juillet, un groupe de colons a intentionnellement mis le feu à un terrain situé à proximité du cimetière du plus ancien village chrétien de Cisjordanie, situé à l’est de Ramallah. « Il n’y a pas eu de blessés, mais les incendies continuent et les gens de la ville s’efforcent de les éteindre et d’assurer, tant qu’ils le peuvent, leur sécurité », explique le père Bashar. Finalement, seule l’intervention rapide des habitants et des pompiers a permis d’éviter une catastrophe qui aurait pu détruire entièrement un de leur joyaux, l’église byzantine de Saint-Georges datant du Vème siècle. C’est l’un des plus anciens édifices religieux de Palestine. »
Ce village est régulièrement la cible de provocations et violences de la part de colons israéliens
Les trois prêtres des Églises de Taybeh, latine, grecque-catholique melkite et grecque-orthodoxe, les pères Daoud Khoury, Jack-Nobel Abed et Bashar Fawadleh, ont ainsi publié mardi dernier une déclaration, parue dans la presse arabe, dans laquelle ils dénoncent l’attaque qui s’inscrit dans ce contexte d’agressions quotidiennes. Ils en appellent à une réaction urgente de la communauté internationale, des diplomates et des Églises du monde entier. Et ils réclament une enquête indépendante sur les incendies et agressions, une pression diplomatique concrète sur Israël, l’envoi de délégations sur le terrain pour documenter les violations, ainsi qu’un soutien juridique et économique aux habitants pour leur permettre de résister.
Les prêtres dénoncent aussi l’installation, avec la complaisance des autorités israéliennes, d’avant-postes illégaux servant de base à de nouvelles agressions. Malgré les demandes répétées de démantèlement, aucune action concrète n’a été engagée. Communiqué prêtres des trois Églises de Taybeh, l’Église grecque orthodoxe, l’Église latine et l’Église grecque-catholique melkite
« Nous, prêtres des trois Églises de Taybeh – l’Église grecque orthodoxe, l’Église latine et l’Église grecque-catholique melkite – élevons nos voix au nom des habitants de notre ville et des membres de nos paroisses pour condamner avec la plus grande fermeté la série répétée et grave d’attaques visant Taybeh. Ces agressions menacent la sécurité et la stabilité de notre localité, et de plus porte atteinte à la dignité de ses habitants et à la sacralité de sa terre sainte.
« Le lundi 7 juillet 2025, des colons ont intentionnellement mis le feu près du cimetière du village et de l’église historique Saint-Georges (Al-Khadr), datant du Ve siècle – l’un des plus anciens sites religieux de Palestine. Sans la vigilance des habitants et l’intervention rapide des équipes de pompiers, les conséquences auraient pu être bien plus désastreuses.
« Dans une scène provocatrice et quasi quotidienne, les colons continuent de faire paître leurs troupeaux sur les terres agricoles de Taybeh, y compris dans des champs appartenant à des familles du village et à proximité des habitations, sans aucune restriction ni intervention des autorités. Ces violations ne se limitent pas à de la provocation : elles causent des dommages directs aux oliviers – source essentielle de subsistance et de revenus pour les habitants de Taybeh – et empêchent les agriculteurs d’accéder à leurs terres et de les cultiver.
« La zone orientale de Taybeh, soit plus de la moitié du territoire de la commune, sur laquelle se concentre la majeure partie de l’activité agricole, est devenue une cible ouverte pour des avant-postes de colonies illégales qui s’étendent discrètement sous protection militaire. Ces avant-postes servent de base pour de nouvelles agressions contre nos terres et les habitants.
« La Terre Sainte ne peut rester vivante sans son peuple autochtone »
« En tant que prêtres, nous portons la responsabilité pastorale et morale de notre communauté. Nous ne pouvons pas garder le silence face à ces attaques incessantes qui menacent notre existence sur notre terre. Taybeh – connue dans l’Évangile sous le nom d’« Éphraïm », le lieu où Jésus se retira avant sa Passion (Jean 11,54) – est la dernière ville entièrement chrétienne de Cisjordanie. Sa population est une présence unique dans la région, un témoignage vivant qui remonte au temps du Christ. Cet héritage spirituel et culturel, fidèlement préservé par les habitants de Taybeh à travers les générations, est aujourd’hui gravement menacé d’effacement et de déplacement en raison du ciblage systématique des terres, des lieux saints et de la communauté locale.
« Nous appelons les acteurs locaux et internationaux – en particulier les consuls, les ambassadeurs et les représentants des Églises à travers le monde – à :
1. Ouvrir immédiatement une enquête transparente sur les incendies criminels et les agressions continues et répétées contre les biens, les terres agricoles et les lieux de culte.
2. Exercer une pression diplomatique sur les autorités occupantes afin de mettre fin dans les plus brefs délais aux agissements des colons et les empêcher d’entrer ou de faire paître leurs troupeaux sur les terres de Taybeh.
3. Missionner des délégations internationales et ecclésiales pour effectuer des visites de terrain, documenter les dommages et témoigner de la dégradation de la situation sur place.
4. Soutenir les habitants de Taybeh par des initiatives économiques et agricoles, afin renforcer leur résilience grâce à un accompagnement juridique efficace.
« Nous croyons que la Terre Sainte ne peut rester vivante sans son peuple autochtone. L’expulsion des agriculteurs de leurs terres, la menace contre leurs églises, et l’encerclement de leurs villages sont autant de blessures infligées au cœur vivant de cette nation. Pourtant, nous demeurons fermes dans notre foi et notre espérance communes : la vérité et la justice triompheront, c’est une certitude. »
« La Terre Sainte ne peut rester vivante sans son peuple autochtone », affirment-ils, ni cette présence chrétienne millénaire.