["Culture & Cinéma", "Christine Kelly : « La liberté d’aimer est sévèrement attaquée dans la société française »"]

L’occasion pour Christine Kelly de dévoiler sa vision de l’amour et son combat pour les familles monoparentales, symbole selon elle « des assauts contre la liberté d’aimer ».


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Christine Kelly : « La liberté d’aimer est sévèrement attaquée dans la société française »

L’occasion pour Christine Kelly de dévoiler sa vision de l’amour et son combat pour les familles monoparentales, symbole selon elle « des assauts contre la liberté d’aimer ».


Croire en la puissance de l’amour, n’est-ce pas devenu un peu naïf ?***

Que devenons-nous lorsque nous sommes privés de la puissance de l’amour ? C’est un élan vital du cœur. L’amour est au contraire indispensable. Je veux parler de l’amour pour sa patrie, de l’amour pour le prochain, pour ses parents, son enfant ou encore son ‘amoureux’. ** Qu’avez-vous à dire aux jeunes couples qui doutent de l’avenir ?**

A chaque fois que je rencontre un jeune qui me confie : « je vais me fiancer », je ‘pète’ le champagne ! Pourquoi ? Parce que c’est un symbole fort d’engagement, et l’engagement aujourd’hui n’existe quasiment plus. J’ose dire que la liberté d’aimer est sévèrement attaquée dans la société française. Quand des jeunes décident de construire leur couple dans la durée, ils sont victimes du regard des autres. Cet élan spontané qu’est l’amour, l’empathie ou encore la compassion, sont trop souvent méprisés. On trouvera celui qui aime vraiment un peu illuminé, en dehors des normes !

La notion traditionnelle de l’amour est-elle dépassée pour autant ?

Non ! Mais au lieu d’encourager l’engagement – et la remise en cause de sa petite personne dans le couple – la société incite à la séparation. Qui encourage le fait d’apprendre à aimer l’autre ?! On encourage au contraire la facilité et trop souvent le divorce. Autrement dit, cette notion d’amour est victime, de façon parfois inconsciente, de beaucoup de jugements dans la France contemporaine. J’en veux pour preuve le procès permanent qui est par exemple fait à « l’homme blanc de plus de 50 ans » qui est toujours soupçonné de machisme.

Pourquoi accordez-vous autant d’importance aux familles monoparentales ?

Elles sont le symbole même des assauts contre la liberté d’aimer. On voudrait faire croire que la liberté d’aimer serait de se mettre en couple, de faire un enfant et puis de partir. Mais ce n’est pas ça ! Ce qui me scandalise, c’est qu’on ferme les yeux sur ces familles qui attestent à quel point la cellule familiale a explosé.

La liberté d’aimer, c’est au contraire être capable de construire dans la longueur, la difficulté et la profondeur. Je me suis engagée auprès des familles monoparentales que je chéris car elles m’apparaissent comme les « déchets » de la société » si vous me permettez l’expression. Que vivent ces familles ? Elles sont les premières victimes de la pauvreté. On ne veut pas les regarder en face. On fait semblant de croire qu’elles ont tout, mais elles souffrent de tout ! Elles sont les premières à souffrir du surendettement, de la pauvreté, de l’inflation. On leur a fait croire que la liberté d’aimer, c’était de pouvoir tout casser, tout recommencer et à tout moment. Personne n’a eu le courage de leur dire qu’avant de se séparer, pour certains, il fallait réfléchir aux conséquences… Personne n’a plaidé en faveur de la grandeur de l’engagement et de la puissance de l’amour. Est-ce que l’amour ce n’est pas justement la capacité de tout supporter ou plus exactement le pouvoir de surmonter presque tout ?! On a souvent tendance à l’oublier !

Quel rôle jouez-vous exactement auprès de ces familles avec votre association « K d’urgences » ?

L’association créée en 2010 a pour vocation de venir en aide aux familles monoparentales. Qui sont ces femmes ? 85% élèvent seules leurs enfants, 40% d’entre elles ne bénéficient pas de la pension alimentaire fixée par les tribunaux ! J’ai travaillé avec le gouvernement pour récupérer directement la pension alimentaire sur le compte du conjoint, homme ou femme, qui refuse de payer la pension alimentaire. Nous organisons avec ces familles des sorties pour briser leur isolement, nous finançons des vacances aux enfants.

La baisse drastique de la natalité en France est-elle liée au dépérissement de la liberté d’aimer ?

Je discutais récemment avec un jeune de 35 ans qui a 7 enfants. Il m’expliquait combien il était critiqué en permanence. Mon petit frère de 47 ans a 5 enfants… Il est mal vu lui aussi. Tout le monde travaille dur. On dépose son enfant à la crèche à 8h ; on va le récupérer à 18h et ensuite on le met devant un écran. C’est tout un modèle qu’il nous faut repenser. On veut faire un enfant le plus tard possible pour travailler. Mais cette liberté de la femme peut être aussi un enfermement. Pas toujours bien sûr, mais cela peut le devenir. Les femmes tiennent tellement à leur liberté de travailler, de pouvoir assumer leur vie jusqu’au bout du bout. Je constate que ce sont elles qui souffrent bien souvent. On arrive à l’âge de 40 ans avec un beau travail mais on n’a pas eu le temps de construire sa famille. On devrait mieux réfléchir à un équilibre entre le travail, la vie personnelle, la construction de la famille qui est la base de la société. Personne ne peut dire qu’il a réussi sa vie s’il n’a pas réussi sa vie privée. ** Quels conseils donneriez-vous aux jeunes couples qui se construisent ?**

Ma grand-mère m’a toujours dit : « Christine, avant d’être amoureuse, aie ton travail, aie ton appartement, aie ta voiture, et ensuite tu regarderas les garçons ! » Je l’ai écoutée et je pense qu’elle a eu raison… La construction de ma vie privée a été difficile, celle de ma vie de couple aussi. J’ai mis trop en avant ma carrière à un moment. J’ai pu me rattraper en partie après, mais je trouve que c’est important de marcher sur ses deux jambes. C’est important de mettre l’accent sur son travail, sur sa profession, sur son indépendance financière et intellectuelle, sur son épanouissement professionnel. Mais pas uniquement.

A quel point cette liberté d’aimer est-elle primordiale pour vous ?

Quelqu’un me disait : « on ne te voit jamais dans les dîners ». Mais parce que je sors exceptionnellement. J’ai fait de ma fille une priorité. J’ai fait de ma famille une priorité. Lorsque le 1er janvier arrive, je mets dans mes résolutions « passer plus de temps avec ma fille » ! Je planifie des voyages, des sorties, des opéras ou des jeux de société avec elle. C’est très important de pouvoir s’épanouir en famille.

Que pensez-vous du plaidoyer pour la « diversité » en matière de famille ?

Le système médiatique met en avant une minorité qui fait taire la majorité. C’est important de se poser la question de la diversité. Mais la diversité est détournée. La majorité est éteinte par rapport à la minorité. Que dire aux familles dites traditionnelles ? Nous ne sommes pas là pour subir le regard de l’autre ! Nous sommes là pour être en résistance, sinon autant arrêter de vivre et de se battre ! C’est ça la vie, c’est être en résistance ! Il ne faut pas avoir honte de ce que l’on est. Il faut être résistant et oser afficher qui l’on est. La différence fait toujours la force.

Quelle est votre vision de la différence ?

La société est une combinaison des différences. Quand j’étais petite, ma mère me disait toujours : « Christine, il ne faut pas fumer et il ne faut pas boire ! » J’ai bu mon premier verre d’alcool, j’avais 30 ans, j’ai arrêté à 50 ans et je n’ai jamais fumé ! Mais dans toutes les rédactions où je suis passée, tout le monde fumait… Ma mère m’a appris à oser être différente. Petit à petit, tous les journalistes autour de moi ont arrêté de fumer. Ce petit détail m’a appris la résistance. Lorsqu’on est le seul à ne pas faire comme les autres, on est l’objet de risée, mais nous sommes plus forts. Nous sommes parfois critiqués, mais nous sommes nous-mêmes. Et on gagne lorsqu’on est soi-même ! Pour revenir aux questions sociétales et à la famille, il ne faut pas succomber aux injonctions du regard des autres. Elles sont d’autant plus fortes parce qu’elles sont en minorité. ** Êtes-vous pessimiste concernant l’avenir de la famille ?**

Il y a énormément de jeunes qui s’engagent, de couples qui se forment, qui élèvent très bien leurs enfants ! Je connais beaucoup de familles qui ont des valeurs chrétiennes, des valeurs de construction et non pas de destruction. Il ne faut pas croire que nous sommes seuls. Nous sommes nombreux et parce que nous sommes nombreux on veut vous faire croire que nous sommes minoritaires. ** Que pensez-vous du modèle biblique du couple : Dieu les créa homme et femme. Est-ce ringard ?**

La parole de Dieu, il faut la prendre telle qu’elle ! Lorsqu’on voit Adam et Eve, il n’y a même pas de question à se poser ! Tout le monde voit que nous sommes dans une société d’inversion de valeurs. Le mal et le bien eux aussi sont inversés. Lorsque vous allez faire le mal, on va trouver une manière de le justifier et lorsqu’on fait le bien, on va vous demander pour qui vous vous prenez pour faire du bien. Lorsqu’un médecin vient vous sauver, il va être agressé, lorsqu’un policier vient vous protéger, on va dire que la police tue. Il faut lutter contre cette inversion de valeurs qui passe souvent par le wokisme. Savez-vous qu’en Ecosse, des parents peuvent être condamnés jusqu’à sept ans de prison s’ils refusent le changement de sexe de leur enfant ?! J’ajoute que je ne juge aucun couple, seul Dieu juge et Dieu est amour. ** Sommes-nous encore libres d’aimer Dieu en France ?**

Le fil rouge, pour moi, c’est la capacité de résistance. La liberté de croire existe. La liberté de ne pas croire aussi. Mais aujourd’hui, dès que vous croyez dans le bien, on veut vous taxer d’illuminé. A partir du moment où vous avez une conscience spirituelle, vous êtes montré du doigt. Il faut garder une force spirituelle pour ne pas se laisser faire. On a la liberté d’aimer Dieu, ou de ne pas aimer Dieu. La vie spirituelle permet de traverser bien des vicissitudes. Comment peut-on avancer dans l’existence si on est dépourvu de cette colonne vertébrale ? A la base de l’amour, il y a pour moi la spiritualité. Qui a créé l’amour ?! Qui a créé cette positivité ? C’est puissant l’amour, ça peut déplacer des montagnes ! D’où vient cette force de l’amour ? Certains diront de l’Univers, d’autres diront de Dieu.

Christine Kelly anime du lundi au jeudi "Face à l'info" de 19h à 20h sur CNEWS

Samuel Pruvot , Domitille Lacheteau et Louis Jaboula "FAMILLE CHRETIENNE"


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