["Jeunes", "Synode : des jeunes belges montent au créneau contre certaines propositions"]

un article de "Famille chrétienne"


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Synode : des jeunes belges montent au créneau contre certaines propositions

un article de "Famille chrétienne"

Dans une lettre adressée au nonce et à leurs évêques, 200 jeunes belges dénoncent un « décalage » entre la synthèse nationale du synode et ce qu’ils vivent dans la réalité. Ils défendent une Eglise exigeante pour répondre à leur « soif d’absolu ».

De même que certains en France s’étaient insurgés contre certaines propositions de la synthèse du synode, une partie de la jeunesse belge a tenté de faire entendre une autre voix.

De même que certains en France s’étaient insurgés contre certaines propositions de la synthèse du synode, une partie de la jeunesse belge a tenté de faire entendre une autre voix.

La Belgique n’échappe pas à la règle : beaucoup de revendications et de critiques de l’Eglise actuelle sont remontées dans la synthèse nationale du synode sur la synodalité, rendue publique le 6 juillet. De même que certains en France s’étaient insurgés contre certaines propositions comme le mariage des prêtres ou l’ordination des femmes dans le document des évêques, une partie de la jeunesse belge a tenté de faire entendre une autre voix. À lire aussi Le pape François ne veut pas que le Synode se transforme en « guerre ecclésiastique »

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Un « décalage » avec la synthèse

Ils sont plus de deux cents à avoir co-signé une lettre, publiée le 31 août par le média belge Cathobel, pour souligner un « décalage entre certaines revendications présentes dans la synthèse et la réalité que nous vivons ». Cette lettre adressée au nonce apostolique ainsi qu’aux évêques et à tous les fidèles de Belgique, émane de jeunes de « nombreuses paroisses de plusieurs diocèses du pays », souligne Jean Stemler, l’un des instigateurs du projet. Comme d’autres, ce jeune de 26 ans a participé à plusieurs réunions en paroisse lors de la phase de consultation diocésaine. « Lorsque la synthèse est sortie, j’ai été très interpellé en voyant qu’elle n’était pas du tout fidèle à ce que j’avais vécu », confie-t-il à Famille Chrétienne.

L’objectif de cette lettre « n’est pas la revendication, mais simplement de faire savoir que beaucoup de jeunes ne partagent pas du tout les propositions faites dans ce document, insiste Jean Stemler. Nous voulons dire que aimons l’Église, et nous assumons son autorité et le cadre qu’elle pose sur certains sujets », résume le jeune homme au nom des signataires. Une affirmation qui dénote en effet avec l’un des points de conclusion de la synthèse belge, indiquant que « l'Église en tant qu'organisation est perçue comme démodée, rigide et étrangère au monde ».

Jean Stemler regrette que les jeunes se soient peu mobilisés pour le synode, mais invoque notamment un problème de forme : « ce n’est pas forcément dans leurs habitudes de participer à des réunions à la paroisse. Le questionnaire en ligne est arrivé un peu tard »…

Les signataires de la lettre évoquent plusieurs points phares successifs sur lesquels ils tentent de donner une autre vision que celle de la synthèse. Le premier d’entre eux : « les jeunes ont soif d’absolu. Nous le sentons autour de nous, particulièrement dans les milieux non-croyants et étudiants. Les jeunes chrétiens en particulier ne veulent pas vivre une foi diluée ou dénaturée », déclarent les signataires, qui réclament « un absolu basé sur le message fort et complet que le Christ a à nous offrir : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. (Mc 8 34-35)».

Ils reviennent aussi sur la critique du cléricalisme présente dans la synthèse belge : « Les jeunes ont besoin de Pasteurs. Nous voulons redire merci à nos prêtres qui, dans leur rôle de berger, nous guident et nous soutiennent. […] Le problème que nous vivons n’est pas le cléricalisme, mais la fuite de certains pasteurs et l’absence de balises, car un chrétien ne peut pas discerner seul. » Jean Stemler reformule auprès de Famille Chrétienne : « Nous ne disons pas que le cléricalisme n’existe pas, mais plutôt que ce n’est pas la première difficulté que nous observons. Nous nous heurtons plus fréquemment à un manque d’engagement et de soutien de certains pasteurs, ou un manque d’exigence doctrinale de leur part ». À lire aussi

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Les jeunes abordent aussi les fâcheuses questions du célibat des prêtres et de l'ordination des femmes. Deux points incontournables, puisque la synthèse belge rapporte en conclusion que « l'appel le plus important concerne les conditions du ministère. Des appels proviennent de toutes parts pour ouvrir le ministère ordonné aux femmes et aux personnes mariées. » Le sujet est abordé avec franchise mais prudence dans la lettre : « Nous avons la conviction que [le célibat des prêtres] est un trésor de l’Église car il est une des preuves de l’existence même de Dieu […] Cependant, comme ce n’est pas un article de foi, nous accueillerons ce que l’Église discernera car nous ne souhaitons pas l’immobilisme vain. » En revanche, ils se disent « plus attristés quand les synthèses synodales évoquent la question de l’ordination des femmes. » Rappelant les propos de Jean-Paul II qui avait statué sur cette question, ils déclarent : « Remettre en cause ces propos, c’est remettre en cause le magistère de l’Église (et par extension l’adhésion aux dogmes), ce qui nous semble extrêmement dangereux dans un monde où nous manquons déjà de balises claires. »

Certaines remarques sur la place des femmes dans l’Église ont également hérissé le poil des jeunes signataires. « Nous croyons fortement à la complémentarité des sexes, plaident-ils. Celle-ci doit sûrement être retravaillée car nous n’avons pas encore trouvé les rôles réellement complémentaires à avoir dans l’Église, mais nous refusons toute forme d’égalité des rôles qui ferait de la femme ‘’un homme comme un autre’’. La femme et l’homme sont différents et cette différence est une chance pour l’Église. Toute l’anthropologie chrétienne nous l’enseigne. […] Nous ne comprenons pas non plus cette logique de pouvoirs, bien trop contemporaine et mondaine ». Jean Stemler résume pour Famille Chrétienne : « Nous voulons bien sûr une égalité de dignité, mais pas une égalité des rôles entre femmes et hommes dans l’Eglise ».

Malgré tous ces points de désaccord, les jeunes montrent dans leur lettre qu’ils ne méprisent pas les véritables souffrances qui motivent certaines revendications présentes dans la synthèse. « Nous ne posons pas ici un jugement et nous sommes bien conscients que nous ne pouvons qu’essayer de comprendre sans appréhender parfaitement le ressenti de ceux qui vivent ces difficultés, qui affrontent la réalité du monde seuls, isolés de leurs frères chrétiens, loin des lieux de ressourcement. »

Pour eux, il semble surtout que « certaines des conclusions du processus synodal belge témoignaient d’abord et avant tout d’un manque de compréhension du mystère de l’Église et de son enseignement. » Conscients de leur chance d’expérimenter au quotidien la richesse de l’Eglise, ils réitèrent leur prière pour ses représentants mais aussi tous les fidèles qui la composent… Et scruteront sans doute de près les décisions qui résulteront du synode.


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